Histoire : Bienvenue en Coupe du Monde

Durant l’été 1930, l’Uruguay accueille la première édition de la Coupe du Monde de football. Dix-huit rencontres se jouent avec un premier tour disputé en trois poules de trois équipes, et une de quatre, deux demi-finales, un match pour la troisième place et une finale. La grande histoire du Mondial voit le jour, les premières vedettes se révèlent. 

Image d’illustration de l’article : Jules Rimet se trouve à l’indicative du projet de Coupe du Monde en 1930. Crédits photos : l’Est Républicain

Un rêve français devenu global

Le vingtième siècle est déjà lancé depuis deux décennies lorsque Jules Rimet, un Français de 55 ans propose en 1928, l’idée d’organiser le premier grand tournoi international de football. Depuis 1921, cet avocat de formation se trouve à la tête de la FIFA, fédération d’envergure internationale qui espère donner à ce sport ses plus belles lettres de noblesse en créant son épreuve reine. Le monde survit mais encore traumatisé par les ravages du premier conflit mondial, enlevant la vie à dix millions de soldats et de civils. Chacune des familles de l’époque a perdu un père, un frère ou un enfant et essaie d’oublier en s’enivrant de musiques et d’alcools durant les Années folles. Le sport apparaît donc à ce moment-là comme un exutoire pour une génération meurtrie. Motivé par le succès des Jeux Olympiques et notamment ceux qui ont eu lieu à Paris en 1924, Rimet convainc  avec Henri Delaunay, d’une compétition qui aurait la même portée et le même prestige. La Coupe du Monde naît en 1930, soit deux ans après le lancement du projet et pose ses valises en Uruguay. Quatre nations européennes que sont la France, la Belgique, la Yougoslavie et la Roumanie participent au grand voyage accompagnés par neuf autres nations du continent américain et parmi elles, le Brésil, l’Uruguay, les Etats-Unis et l’Argentine. Le paquebot Conte Verde au départ de Gênes transporte le trophée qui sacrera le premier champion du monde à la fin juillet. 

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Première sélection championne du monde, l’Uruguay montre la voie aux sept autres équipes sacrées lors des éditions suivantes. Crédits photos : Commons, Wikipédia

Montevideo, terre d’accueil 

L’Argentine, les Etats-Unis, l’Uruguay et la Yougoslavie accèdent à la phase finale tandis que la France n’a pas réussi à s’y hisser en terminant troisième de la poule 1. Lucien Laurent, le premier buteur français de l’Histoire du Mondial passera à la postérité. Le Brésil, autre tête de série terminera la phase de poules derrière la Yougoslavie en ne tenant pas son rang de favori. Au nez et à la barbe des Etats-Unis, l’Argentine se qualifiera pour la grande finale en écrasant le pays de l’Oncle Sam (6-1). Elle y retrouvera l’Uruguay, venue à bout, sur le même score des menaçants joueurs yougoslaves. Ceux-ci incarnent pourtant les meilleures chances européennes du tournoi (6-1). Montevideo la capitale uruguayenne a choisi ses héros qui s’affronteront dans le stade du Centenaire, célébrant l’indépendance obtenue du Brésil en 1825. La « Céleste » sera la favorite, auréolée de deux médailles d’or consécutives aux tournois de football olympique de 1924 et 1928 à Paris puis Amsterdam. 

Les joueurs des sélections françaises, belges et roumaines effectuent le voyage ensemble de Gênes jusqu’à Montevideo, en bateau. Crédits photos : Presse Sports

Une finale pour l’éternité 

Le coup d’envoi de la finale est donné le 30 juillet, à 15h00  devant 68 346 spectateurs dont 30 000 Argentins. Ils espèrent un triomphe de leur équipe nationale face au pays voisin. C’est le pays hôte qui ouvre le score par l’intermédiaire de Pablo Dorado (12’, 1-0) avant qu’il ne soit rejoint au score par l’Albiceleste de Carlos Peucelle. À la pause, c’est l’Argentine qui se trouve en position de force grâce à un but inscrit peu avant par Stábile, le meilleur buteur de la Coupe du Monde avec huit buts (37’, 1-2). Les encouragements se font entendre des deux côtés dans cette finale indécise quand Pedro Cea, le joueur uruguayen le plus utilisé du tournoi, participant à toutes les rencontres permet à son équipe de recoller (57’, 2-2). Ensuite, les champions olympiques en titre enfoncent le clou grâce à Iriarte (68’, 3-2). Désormais, la messe semble dite mais Hector Castro, crucifie l’Argentine d’une tête puissante à la dernière minute. Ce but de la victoire reste dans les mémoires puisqu’il est l’oeuvre d’un joueur amputé d’un bras depuis l’enfance, seul footballeur champion du monde et porteur d’un handicap. l’Uruguay affirme sa suprématie sur le football mondial des années 1920, à l’orée d’une nouvelle décennie. L’Argentine devra encore patienter avant de connaître la consécration. 

Jules Rimet en compagnie du trophée qui porte son nom, décerné jusqu’en 1970. Crédits photos : France Culture

Avec le succès de la première édition, la Coupe du Monde sera reconduite quatre ans plus tard en l’absence de la première équipe championne du monde. Elle aura lieu en Italie fasciste, les régimes politiques des années 1930 se servant du ballon rond comme instrument de propagande. 

Sources de l’article :

Moustapha Kessous. Les 100 histoires de la Coupe du Monde de football. 2014. Presses universitaires de France

Libération. La Coupe du Monde 1930 à travers la presse française. 2018

Orlando Vinson. En route pour Montevideo. 2020. Folk Football.

Lilian Fermin. Héctor Castro, le manchot divin. 2020. Le Corner

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