Édito : Les douze brigands du football européen

L’avenir du football européen porte un nom : La SuperLeague. Avec cette compétition, l’exploit ne trouve plus sa place et le palmarès ne trouve plus sa raison d’être dans le sport mais uniquement à travers le prisme économique. Avec la SuperLeague, le football est en vase clos et ce sport si populaire perd son côté universel. Florentino Pérez et les présidents des onze autres clubs fondateurs de cette ligue fermée ont ouvert la boîte de Pandore et vont désormais répandre les fléaux du capitalisme outrancier en prenant part à un élitisme ravageur. Les douze brigands adoptent un comportement contraire aux valeurs d’un sport dans lequel un club supposément petit peut devenir immensément grand et plaçant l’émotion et l’insouciance au-delà de tout. Les douze brigands sont coupables d’une aseptisation d’un sport dans lequel on ne pourrait ne plus se retrouver à long terme. Les douze brigands sont à l’initiative d’une association de malfaiteurs qui se prépare à voler les étoiles dans les yeux des enfants qui voient leurs idoles partir à la conquête d’une Ligue des Champions, d’une Ligue Europa, d’une Coupe du Monde ou d’un Euro, compétitions qui favorisent par leur existence, l’unité européenne et internationale sous l’égide d’institutions reconnues même si gangrénées par l’esprit corruptible de certains dirigeants.

Andrea Agnelli (président de la Juventus) comme symbole du football vidé de son sens. Crédits photos : Juventus.com

Les enfants, comme premiers amoureux du football n’ont pas conscience de l’enjeu politique et économique derrière ce ballon rond : les douze brigands espèrent les priver de leur innocence et leur naïveté pour les gâter d’affiches entre cadors assoiffés de trophées et de profits sans leur apprendre la rareté d’une belle affiche et l’imprévu d’un plan tactique qui renverse les pronostics.

Crédits : @pierre_maturana via Twitter. Journaliste pour le magazine SoFoot

Les douze brigands veulent tuer le football que l’on aime et vider de son sens l’accomplissement sportif qui a forgé notre intérêt pour ce sport et fait couler beaucoup d’encre. Les douze brigands privent les amoureux du football d’un lot de surprise accompagné d’une dose de stress et d’excitation si leur projet est mené à bien dès 2022.

Crédits : @FranekFoot via Twitter. Vidéaste et créateur de contenu spécialiste du FC Barcelone et du football espagnol.

Les douze brigands emprisonnent les joueurs et les supporters dans un système de rivalités entre Grands qui deviendrait bien trop fréquent pour que cela soit véritablement intéressant. Les joueurs des clubs malfaiteurs ne seraient plus acteurs mais victimes de leurs choix de carrière s’ils sont exclus de leurs sélections nationales qu’ils ont toujours rêvé de représenter. Les douze brigands veulent construire un football où l’argent appelle l’argent. Les douze brigands sont puissants économiquement mais que vaut l’économie sans la puissance et le prestige sportif ?

Avec une SuperLeague fermée étendue à tout le football européen qui promet 300 millions d’euros au vainqueur par l’intermédiaire d’une banque qui rime avec escroquerie, qui aurait vibré au rythme de la jeunesse monégasque en 2004 et 2017 ? Qui aurait perçu le génie tactique de José Mourinho, vainqueur de la Ligue des Champions avec Porto en 2004 et l’Inter Milan de 2010 alors que personne n’attendait ces équipes ?Comment l’Ajax Amsterdam aurait-elle pu devenir l’une des places fortes du football européen et impressionner l’Europe dans la décennie 1970 et la fin des années 2010 ? Comment l’exploit de Leicester City en 2016 aurait-il pu avoir une résonnance ?

Messieurs les douze brigands, vous présidez le Real Madrid, le FC Barcelone, l’Atlético Madrid, l’Inter Milan, l’AC Milan, la Juventus Turin, Liverpool, Manchester City, Manchester United, Chelsea, Tottenham et Arsenal et nos espoirs étaient en vous pour faire briller notre sport. Messieurs les douze brigands, vous étiez des modèles de réussite et garants de nos plus beaux souvenirs footballistiques. Messieurs les douze brigands, vous méritez que ce projet n’aboutisse pas pour que la beauté de ce sport soit toujours visible. Messieurs les douze brigands, vos intérêts ne triompheront pas, vous ne tromperez pas ceux qui aiment ce sport et ceux qui vous aiment encore.

Image d’illustration de l’article : MADRID – Florentino Pérez et son club, président et initiateur d’une SuperLeague qui ferait apparaître un nouveau football. Crédits photos : Le Parisien.

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