Grand Format : Souviens-toi le 4 mai 2002

Il y a des jours comme celui-ci qui restent dans l’Histoire comme un signe du destin, un jour de bonheur immense. Un jour qui marque un changement de dimension, à jamais gravé dans les mémoires. Ce samedi 4 mai 2002, l’Olympique Lyonnais dispute sa « finale du championnat » face au RC Lens. 42 000 spectateurs murmurent à leur âme rouge et bleu que ce jour n’est pas comme les autres. Leur vie ne sera plus la même. Cet accomplissement en appellera-t-il d’autres ?

Crédits photos : BFMTV

Gerland s’enflamme, Lyon s’envole

Au coup de sifflet final, une des deux équipes sera sacrée championne de France. La capitale des Gaules, cité des empereurs romains tels que Claude affronte dans un autre style une cité minière, celle qui a vu naître les mineurs, logés dans les Corons. Eux-mêmes ont été immortalisé par le chanteur populaire Pierre Bachelet dans l’un de ses plus grands succès. Les joueurs en rêvent justement de ce grand succès qui se trouve à portée de minutes.

« Le jour du match on avait l’habitude avec des potes de se donner rendez-vous à 14 h au Ninkasi à Gerland. D’habitude nous étions seuls à cette heure-ci mais là il y avait déjà quelques Gones qui trainaient autour du stade » se souvient Rémi, gérant du compte @lyoncollection sur Twitter.

« Autour du stade, il régnait une effervescence digne des grands rendez-vous ». Les supporters avaient conscience qu’ils étaient en train d’écrire l’histoire de leur club : « Pendant toute l’après-midi, plusieurs bandes de supporters tournaient autour du stade. Et d’autres étaient dans un bar à écumer les verres.  C’était déjà très festif.  Vers 18h, nous étions plus d’une centaine sur la route du Ninkasi et les chants fusaient de tous les côtés ! C’était devenu une habitude de voir autant de monde, regroupé en chantant devant le Ninkasi pour les gros matchs.  Ça ne surprenait personne !  En 2002, c’était rare de voir ça. Tous les groupes de supporters étaient présents. On sentait tout de suite que ce match était à part. » se remémore le jeune collectionneur, alors âgé de 17 ans en ce 4 mai 2002.

« Je me souviens que trois ou quatre personnes courageuses sont passées au milieu de nous. Dans ces personnes-là se trouvait Jean Djorkaeff. Il avait été ovationné ! Une demi-heure avant le coup d’envoi, nous sommes enfin rentrés dans le stade. Là il a fallu se frayer un chemin pour arriver en bas du virage. Je filmais régulièrement pour les Bad Gones donc je me mets sur l’un des perroquets du Virage Nord avec mon caméscope. A ce moment-là un chant à la gloire de notre ancien capitaine, Alain Caveglia résonne puisqu’il avait mis un terme à sa carrière quelque jours avant. Par ailleurs, (Grégory) Coupet avait mis un coupe-vent floqué Caveglia pendant l’échauffement.  Je n’ai vu les images que quelques semaines plus tard. C’était un sacré hommage en plus, le jour du titre ! ».

Dès la septième minute de la rencontre, un enfant du club inscrit le premier but, synonyme de titre potentiel. Sidney Govou qui a débuté quelques années plus tôt devient le héros. Le joueur originaire du Puy-en-Velay, ville dont le cœur penche davantage pour l’AS Saint-Étienne entre un peu plus dans le cœur des supporters lyonnais : « Le premier but je ne l’ai pas vu, je pensais aux images en priorité. Même si j’avais l’habitude de ne pas voir les buts, là des larmes coulaient de mon visage, difficile de se retenir ».

Crédits photos : Le Progrès

La retransmission télévisuelle montrait des images de la célèbre place Bellecour de Lyon. La liesse s’emparait de l’ancienne capitale des Gaules. Le RC Lens semblait désemparé puisque le leader du championnat venait de perdre son trône, avec une seule victoire sur les cinq derniers matchs et un seul petit point qui les séparait du dauphin lyonnais au coup d’envoi. La tactique nordiste vole en éclats. Ils ne voulaient pas prendre de buts. Guillaume Warmuz a déjà cédé une première fois lorsque Philippe Violeau double la mise sur un centre de Pierre Laigle : « Le deuxième but, j’ai eu la chance de le voir en direct sur le perroquet, je me suis retourné vers mes potes dont certains qui pleuraient ! Je ne m’y attendais pas. Alors moi aussi, j’ai fondu en larmes. L’émotion était trop grande. C’était impensable de mener deux buts à zéro aussi vite ! » raconte Rémi.

Après une réduction du score de la part du polonais Jacek Bąk, parti de Lyon pour Lens en début de saison, les hommes de Jacques Santini avaient conscience qu’il ne fallait rien lâcher, accompagnés par les virages bouillonnants. Le stade imaginé en 1926 par l’architecte Tony Garnier n’est plus seulement un simple stade de football, c’est un temple rouge et bleu : « Juste après, certains d’entre nous sortaient nos cartes d’abonnement et on se retournait vers la foule en disant que celle-ci serait encadrée. »

Émus et champions pour l’éternité

Grâce à un troisième but inscrit par le passeur décisif du deuxième Pierre Laigle, l’Olympique Lyonnais remonté en Division 1 en 1989 se dirige vers son premier titre : « On était beaucoup avec nos drapeaux de la ville, acheté plus tôt dans l’après-midi auprès des vendeurs à la sauvette autour du stade. Dans les arrêts de jeux on n’en pouvait plus. C’était interminable et puis d’un coup c’est l’explosion ! On pouvait dire enfin à toute la France : « Lyon est champion de France, on est enfin champions. »

« J’ai vu une personne envahir la pelouse et j’ai donc suivi, je traverse tout le terrain, je ne sais pas si je suis officiellement le deuxième à envahir la pelouse, le 4 mai 2002 mais quand je coure, je suis vraiment seul. J’entends la tribune Jean Bouin qui siffle ça m’a marqué sur le coup. En revanche, quelques années plus tard, j’ai recroisé un pote qui m’a dit avec un peu de regrets : « J’étais à Jean Bouin le jour de Lyon-Lens et je t’ai vu traversé le terrain quelques secondes après le coup de sifflet final.  J’ai halluciné en te voyant.  Avec le recul, j’aurai pu être un des premiers à fêter le titre avec les joueurs sur le terrain, dommage. J’aurais essayé d’avoir des crampons, shorts ou maillots du 4 mai 2002 ! ».

L’adolescent devenu trentenaire, se remémore ensuite la soirée inoubliable qu’il a vécu sur la pelouse de Gerland puis dans la ville : « J’en ai vu qui prenait des panneaux publicitaires. Ils étaient carrément montés sur la barre transversale.  Le top ! Il y en a d’autres qui ont arraché les filets des cages ou des morceaux de pelouse. Bien joué. C’est collector ! Quand les joueurs ont fêté le titre sur l’estrade, mes potes et moi  étions déjà en dehors en direction des Terreaux ! Sur le chemin, en métro, sur les routes, dans les bus, c’était l’euphorie collective, on n’avait jamais vu ça. Je me souviens de personnes qui nous reconnaissait. Ils nous prenaient dans leurs bras et on se félicitait. On se disait tous : « On est champions. »

Le club présidé par Jean-Michel Aulas était propulsé en haut du championnat de France. Le sentiment du devoir accompli habitait désormais le jeune président, recommandé aux dirigeants après une rencontre avec Bernard Tapie. La célébration du titre se poursuit au cours d’une soirée qui se devait d’être éternelle : « Lorsque nous sommes arrivés sur la Place des Terreaux, il faisait nuit et on était serrés comme jamais. On voyait de loin des fumigènes mais franchement, vu des joueurs en haut du balcon, c’était magnifique mais nous en bas c’était irrespirable.  On a donc continué à traverser la ville en marchant et en chantant. À partir du coup de sifflet final jusqu’à la place des Terreaux je n’ai jamais revu la ville de Lyon en liesse de cette façon-là même pour les autres titres. Ce soir-là tous les lyonnais étaient vraiment fiers de leur club.  Même ceux qui ne s’intéressaient pas au foot, ils pouvaient dire à n’importe qui : « Je suis Lyonnais, et on est champions de France ».

Crédits photos : RMC Sport

Après Rémi (@lyoncollection), Éric Chapoutier (@ENewDaddy), petit-fils d’un ancien dirigeant et collectionneur de maillots, âgé de 24 ans à l’époque, raconte son 4 mai 2002 :

« Cette année-là, contrairement aux années précédentes où j’étais abonné au Virage Nord, j’ai fait la plupart des matchs au club des Cents avec mon grand-père. Il était président d’honneur de la section amateur. Mais pour ce match-là, mon père voulait aussi venir au match.  Mon grand-père m’avait dégoté avec mon frère, une place en Virage Sud inférieur central, résidence à l’époque des Lugdunums et du Nucleo ultra. Avant chaque rencontre, mes potes d’enfance, abonnés au Virage Sud et moi, avions l’habitude de nous retrouver avant le match vers le parking du Casino à côté du Ninkasi pour siffler quelques bières. Ce jour-là il y a avait quelques averses. Du coup on s’était abrités vers le parking souterrain. Je me rappelle que lorsqu’on pronostiquait sur le score j’étais le seul à dire, qu’au mieux on ferait match nul car pour moi, habitué aux désillusions avec l’OL, cela me paraissait impossible d’être champion lors de la dernière journée. Plus optimiste que moi, les potes annonçaient un 3-0, tarif normal à domicile durant la saison ».

Crédits photos : 20 Minutes

« Je ne me rappelle plus trop le chemin entre notre point de rendez-vous et le stade.  Le fait de voir les supporters m’a fait monter un stress, que je n’avais pas encore ressenti depuis le début de journée. Je suis arrivé en tribunes une heure avant le coup d’envoi, le stade était plein à craquer. Avec mes potes on est restés en haut des escaliers, impossible de descendre. »

« Les joueurs rentrent sur le terrain et le stress monte encore plus d’un cran. Le match débute. Lorsque (Sidney) Govou marque, cela a été l’un des rares moments de ma vie en tribunes, où la joie collective a été aussi haute. J’ai ressenti cette joie, qui entraîne forcément quelques larmes. Mais ce n’est que le début et mon caractère pessimiste me rappelle à l’ordre.  Je me dis que le match est loin d’être fini » se méfie Eric.

 « Le deuxième but est marqué. Même chaos en tribunes. Mon frère me dit que l’on va être champions, mais moi je lui réponds que le match n’est pas fini. But de Lens qui réduit le score. On flippe car un but de plus, et notre rêve d’être champion s’envole. Les supporters lensois à côté, y croient.  Le coup d’envoi de la deuxième période est donné. Le match reprend. Voilà Juninho qui décale (Pierre) Laigle qui tire, (Jean-Guy) Wallemme dévie et je vois que (Guillaume) Warmuz ne saute pas. Sur le moment, je me dis qu’il laisse sortir le ballon mais lorsque les filets tremblent, il n’y a plus de doutes.  Cela fait 3-1 pour l’OL. » souffle Éric.

« Durant toute la deuxième période, les deux groupes ultras craquent torches sur torches. C’est un festival. Auparavant, je n’avais jamais vu autant de pyros en un seul match à Gerland. Cinq minutes avant la fin, les chants « On est champions » commencent à résonner. Je vois sur le terrain que les Lensois sont complètement morts. À partir de là, je me suis dit : « Enfin, on est champions ».

Crédits photos : OL/Panoramic

« Ma première pensée est allée pour mon grand-père.  Il est rentré en 1951 au club, ne l’avait jamais vu champion. Je me dis qu’enfin il pourra partir. Il aura vu la France gagner une Coupe du monde et son club champion de France.  Le coup de sifflet final retentit et un envahissement de terrain se produit.  Progressivement, le virage se désemplit et on peut descendre. Là, je croise d’anciens potes, du Virage Nord avec qui j’avais fait des déplacements dans les années 1990, devenus Nucleo. Heureux de se revoir, on arrive ensemble sur la pelouse. Les gens courent dans tous les sens, je décide de traverser le terrain et de rejoindre le Virage Nord, sur le chemin je croise d’anciennes têtes. On se prend dans les bras. Je fais demi-tour et je vois les adeptes de la rue bombarder les Lensois de projectiles. Je monte sur les panneaux de pub pour les narguer. Les CRS interviennent et nous chassent ».

« Je retrouve mes potes d’enfance et on décide comme tout le monde d’aller aux Terreaux. On passe par le Virage Nord. Cela nous semble plus pratique. On rejoint la voiture et tout de suite mon pote met la radio, sûrement RMC.  On tombe sur Aulas qui, de manière très subtile, prend pour cible tous les journalistes qui ne croyaient pas que le club puisse être champion.  Mon pote ouvre le toit ouvrant et je mets ma tête dehors, pour hurler ma joie avec les autres voitures. On se gare vers Perrache et on rejoint des amis. Une copine qui fête son anniversaire ce jour-là, me dit : « T’as vu les gens sont descendus, pour mon anniversaire ».  On passe par la rue de la République. Je décide comme pas mal de monde de traverser la fontaine de la place de la République. Je suis trempé mais on s’en fout ! Arrivés vers la place des Terreaux, c’était impossible de rentrer.  Il y avait trop de monde. On reste un certain temps puis on décide de faire marche arrière. On termine la soirée dans notre bar fétiche vers Perrache ».

« Ivre, je me rappelle plus comment je suis rentré. Le lendemain, j’ai appelé mon grand-père pour lui dire que j’étais heureux pour lui mais lui me rétorque : « Tu sais, il va falloir être constant car le but, c’est de toujours être européen ». « Il me dit que France 3 l’a interviewé car c’était le doyen du club. Puis il est allé voter. C’était le deuxième tour des élections présidentielles. Ensuite, j’ai pu revoir les images à travers les reportages de Télé Lyon Métropole ainsi que Téléfoot ».

Crédits photos : Le Progrès

Pour le dernier témoignage, Stéphane (@phanou_herko), spécialiste de l’histoire de l’Olympique Lyonnais, dont il est supporter depuis ses plus jeunes années fait le récit de ses souvenirs.

« L’histoire du 4 mai 2002, c’est l’histoire d’une phrase. Une phrase que le football m’interdisait de prononcer. Je m’autorisais à peine le droit de l’imaginer, tout juste celui de la murmurer dans un rêve. Il faut dire que la destinée du club que je supporte depuis l’enfance, était inscrite dans le constat perpétuel et fataliste que l’OL, pour toujours, serait un club de second plan, une équipe de coupe ou pire, la banlieue de Saint-Etienne. Non jamais, je n’aurai le droit de dire cette phrase.  Le matin du 4 mai, le sort semble s’acharner. Alors qu’une victoire contre le RC Lens nous promet de pouvoir, enfin, hurler la phrase interdite, la météo se range du côté de la malédiction.  Il pleut. Or cette saison-là, en 2001-2002, l’OL, invincible à Gerland, avait concédé trois matchs nuls sur son terrain, et notamment, lors d’une rencontre compliquée et donc pluvieuse, contre Sochaux au mois d’octobre. Le temps de ce samedi rappelle étrangement ce climat automnal. Mauvais présage ? N’y tenant plus, c’est donc vêtu chaudement que mon frère et moi partons tous les deux du quartier de la Part-Dieu à 15h00. Direction Gerland, à pieds. Le match est à 20h ».

« À mesure que nous approchons du stade, nous remontons le temps et nous refaisons l’histoire de la saison. De la défaite surprenante contre Lens lors la première journée jusqu’à cette victoire si précieuse à Bordeaux. Nous évoquons cette incroyable régularité à domicile (treize victoires et trois matchs nuls). Nous nous souvenons de ces rencontres flamboyantes contre Nantes, Paris et Marseille, des buts de Sonny Anderson, de l’apport du déjà indispensable Juninho. Nous n’oublions pas les moments difficiles, ces huit défaites cuisantes à l’extérieur, de l’humiliation infligée par le public de la Beaujoire qui, fêtant son équipe à 3-0, entonnait à notre encontre : « Ils ne seront jamais champions ! Ils ne seront jamais champions !». Ce soir-là de janvier, en effet, j’étais persuadé que cette phrase, non, jamais je n’aurai le droit de la prononcer…. Puis arrivant Avenue Jean Jaurès, nous repensons à ces derniers déplacements à Auxerre et en Gironde qui ont ravivé l’espoir. Enfin, nous nous réjouissons de l’incroyable scénario qui nous est offert par l’OL, celui d’une finale de championnat de France entre le premier et le deuxième du classement lors de la dernière journée ».

« Nous patientons aux abords de Gerland jusqu’à l’ouverture des portes à 18h15. L’après-midi est longue et la pluie de cesse pas. Il n’y a jamais eu autant de monde autour de l’enceinte lyonnaise aussi tôt. Quelques vendeurs de dernières minutes font d’incroyables affaires au marché noir. Abonnés, nous n’avons pas eu à nous soucier, comme 400 000 autres supporters de l’OL, de savoir comment nous allions assister à ce sommet du championnat. Nous pénétrons enfin dans notre stade et, le temps de gravir les quelques marches pour accéder au parvis du virage Nord, je me souviens avec nostalgie de ces magnifiques soirées que l’OL nous a offert ici : La remontée en D1, ces chaudes soirées d’août contre Marseille, ces bouillants derby, la Lazio, Bologne, la demi-finale contre Nantes en Coupe de la Ligue et Bruges. Tant de moments mémorables mais il manque encore cette phrase, ces quelques mots ».

« Installés, dans le bloc B du virage Nord, presque sous l’horloge passée de nos souvenirs, nous revêtons nos chasubles en plastique pour donner des couleurs au Kop. Nous sautons, nous chantons comme jamais quand Gregory Coupet fait son entrée sur le terrain pour l’échauffement. La détermination se lit sur tous les visages. Il semble que le peuple lyonnais ait décidé de régler ses comptes avec l’histoire et de rattraper le temps perdu avec la gloire. 20h05. Le match commence et nous plongeons, en apnée, pendant presque deux heures, dans l’indicible sentiment de vivre un événement que nous n’avons jamais vécu et que nous ne revivrons plus jamais. Sur le terrain, les onze joueurs lyonnais sont au rendez-vous. Ils pressent sur chaque action. Un insignifiant ballon récupéré par Pierre Laigle puis transmis à Sidney Govou suivi d’une frappe surprenante du n°14 fait exploser Gerland. Quand tremblent les filets des buts côté virage Nord, tout déborde de partout, les gens s’entassent, tombent, grimpent sur les grilles. La joie retrouve tout juste un peu d’ordre quand, quatre minutes plus tard, Philippe Violeau reprend de volée un centre venu de la gauche et marque un second but. Dans un carambolage de sensations, nos esprits commencent à réaliser que l’inimaginable est enfin envisageable ».

« Oui, nous allons avoir le droit de le dire : L’Olympique Lyonnais est…  Mais la réduction du score lensoise nous rappelle qu’il est encore trop tôt. Il faudra encore trembler. Le troisième but lyonnais achève définitivement nos doutes. Les trente dernières minutes du match sont une lente ascension vers l’apothéose. Gerland reprend en chœur un refrain qui, nous ne le savons pas encore, retentira pendant presque toute la décennie à venir. De mon côté, cette phrase scandée par toute un stade, je n’ose pas encore la dire. Les yeux embrumés par l’émotion, j’entends l’arbitre siffler la fin du match ».

« Une douce confusion règne dans les tribunes, les chants se superposent les slogans s’entremêlent. Un supporter pénètre sur le terrain, puis deux puis tous envahissent la pelouse malgré les demandes de Dominique Grégoire, le speaker, qui ne met aucune conviction dans ses injonctions. Le temps s’arrête alors pendant quelques heures. Les joueurs défilent sur le podium pendant que mon frère récupère quelques centimètres carrés de la pelouse sacrée. Nous restons là, au centre du temple, au cœur du cratère pendant un long moment. Nous remontons les marches de la tribune Jean Jaurès. En tribunes présidentielles, ouvertes à tous, TF1 réalise des reportages et des interviews pour le Téléfoot du lendemain, l’occasion d’entendre hurler la phrase à laquelle je ne crois pas encore. »

Crédits photos : France Football

« Dans le métro du retour, bondé, un énième « Qui ne saute pas n’est pas lyonnais » est entonné. La rame se met à trembler de toutes parts sous les sauts répétés des supporters. Cela n’en finit pas. La fête se répand dans toute la ville jusqu’à tôt ce dimanche matin. Nous exultons. Toutes les rues, jusqu’aux Terreaux, sont inondées par la foule joyeuse alors que la liesse converge vers la mairie. Après cette interminable journée et cette inoubliable nuit couronnées du succès, le sommeil est long à venir. Le rythme euphorique de mes palpitations redescend lentement. Les images du match repassent dans ma tête et mutent lentement en souvenirs, ils sont déjà gravés. Et je finis par m’endormir en pensant à demain, et aux sept prochaines années, quand je pourrai dire, enfin : L’OL est champion est de France ».

Crédits photos : Le Progrès

Raconté par les supporters au plus près de l’émotion, le titre de champion acquis le 4 mai 2002, est définitivement entré dans l’Histoire de l’Olympique Lyonnais. Point de départ du plus bel âge d’or du club rhodanien, ce premier titre en précédera six autres, glanés consécutivement par Grégory Coupet, Juninho et Sidney Govou, rescapés des sept titres et leurs différents coéquipiers. Au sommet du football hexagonal entre 2002 et 2008, l’Olympique Lyonnais est devenu l’un des clubs à battre. Rien n’aurait pu se passer sans cette soirée de mai 2002.

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